Regard de Marc Wendelski, photographe, dans le cadre d'Archidoc#07 : Anne Rondia, architecte et paysagiste

Dans le cadre d'Archidoc#07, et en parallèle à l'exposition au musée Wittert ULiège, nous vous proposons de découvrir le travail d'Anne Rondia, architecte et paysagiste, par le biais d'images témoignant de l'état actuel de ses réalisations.

Et c'est à l'acuité du regard photographique poétique et singulier de Marc Wendelski qu'elle a confié la mission d'y capter l'œuvre du temps, ses surprises et amendements.

Voici comment il décrit son approche :

"Aborder le travail d'Anne Rondia, c'est comme quitter les grands axes, les voies rapides. Il faut poliment retirer son armure motorisée avant d'entrer et se défaire, humblement, de son agitation chronique. Et voilà : dans les replis cachés du tumulte urbain, un sentier apparaît. On s'y engage. On ne peut pas se perdre, il suffit de suivre le vrombissement des insectes, le mouvement des branchages, le temps des floraisons. De rejoindre la prochaine cime et de glisser dans le sillage de ce que des générations d'êtres vivants, arpenteurs ou habitants des lieux, ont intuitivement tracé et façonné, bien avant l'ère du bitume et des plans d’aménagement.

Parfois, c'est en douceur, par des gestes mesurés, par des interventions subtiles que l'architecte souligne et magnifie cet héritage naturel et historique. Offrant ou restaurant un refuge pour le Vivant, fluidifiant les déplacements des pas légers, invitant à la contemplation, elle contribue à nous reconnecter et à pacifier notre rapport à la ville. Dans ces lieux, je me sens libre de photographier ce qui n'a pas été fait. Ne rien faire, c’est agir. J’enregistre cette confiance accordée à un talus rempli de fleurs sauvages, colonisé par de jeunes bouleaux ou la souche d'un arbre mort et laissé en place, hôtel de luxe pour insectes sauvages. Il me semble que ce "non-geste" c'est un acte. Un abandon déterminé de nos réflexes de domination sur notre environnement et un lâcher-prise élégant et salvateur.

C’est aussi une architecture racinaire, nourrie de son encrage, faite d’échanges, de coopérations et qui nous relie immanquablement aux générations futures (comme ces enfants poètes traçant leurs imaginaires sur les pavés du quartier Nord).

D'autres fois, c'est en combattante qu'Anne aligne des armées d’érables rougeoyants, des hordes de roseaux ou de graminées, des tribus de buissons en bordure des liaisons autoroutières ou le long des grands axes, créant des bastions de verdure, d’ardentes invasions végétales qui dévalent des rives vers le fleuve et font insolemment rempart à l'avancée du béton. En semant ces oasis au cœur du désert minéralisé de nos villes, Anne Rondia permet à la communauté du Vivant de venir toiser notre époque viciée et offre un horizon vibrant mais néanmoins apaisé au regard de celles et ceux qui s’affranchissent de l’urgence. »

 

Un affranchissement auquel nous sommes heureux de vous convier !


Architecte et paysagiste formée à l’Institut d’architecture Saint-Luc de Liège, Anne Rondia développe une pratique professionnelle qui l’amène à aborder tant l’insertion paysagère d’infrastructures de transport en divers milieux que la conception et la gestion d’espaces publics d’échelles et de natures très variées en milieu urbain, principalement en tant qu’auteur de projet au sein de la Ville de Liège (1994-2017). Son apport dans la redéfinition des espaces publics est fondamental. Il se caractérise entre autres par une vision sociétale engagée, orientée vers les pratiques habitantes, respectueuse du contexte historique et paysager tout en soutenant l’intégration d’œuvres d’art dans l’espace public. Les aménagements portés par Anne Rondia sont nombreux : quai des Tanneurs, place Émile Wiket, cour du Cinéma Sauvenière… Mais c’est surtout en remportant le concours pour le parc Saint-Léonard (en association avec Arlette Baumans et Aloys Beguin, 1994) et avec les projets du parc Sainte-Agathe (Prix de l’urbanisme, 2015) et de valorisation touristique des Coteaux de la Citadelle à Liège qu’Anne Rondia touche à la reconnaissance tant de la critique que du grand public. Ce dernier projet obtient en 2016 le prix du paysage de Wallonie et une mention spéciale pour la participation du public, au prix européen du paysage 2017. De 1980 à 2013, Anne Rondia partage ses expériences et son expertise en tant qu’assistante puis chef de travaux à Saint-Luc puis à la faculté d’architecture de l’Université de Liège et exerce actuellement en tant que conseillère ou partenaire pour le paysage dans le cadre d’équipes pluridisciplinaires.

Infos pratiques :

Exposition accessible gratuitement du 14 octobre au 23 décembre du lundi au vendredi  de 10H à 16H et le samedi de 10H à 13H à la Maison renaissance de la Société libre d'Émulation, rue Charles Magnette 9 à 4000 Liège. Fermeture les 1/11, 2/11, 11/11/2023.

Vernissage des deux expositions, projection du film et présentation du livre le vendredi 13 octobre 2023 dès 18H à la salle académique de l'ULiège.
Les photographies de Marc Wendelski seront visibles ce soir-là de 18H à 22H à la Société libre d'Émulation.

ARCHIDOC est un projet porté par le GAR-Archives d'architecture en partenariat avec les Beaux-Arts de Liège - École supérieure des Arts.


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