LIVRES : UNIVERS DE MATIÈRES... DÉCLINAISONS DE FRANCIS VLOEBERGS.

Renouant avec une longue tradition liée au livre et à l’estampe, la Société libre d’Emulation accueille, du 4 novembre au 11 décembre dans sa Maison Renaissance, les œuvres récentes du plasticien louviérois Francis Vloebergs. Cependant, ce retour aux sources se fait d’une manière singulière…

En effet, même si les livres dont il s’agit sont anciens, ils sont abordés par l’artiste dans leur matérialité première. Victimes des outrages du temps, les ouvrages servant de matériaux de base aux œuvres présentées sont, à l’origine, en piteux état et devenus quasiment illisibles.

Car à la base de la démarche créative de Francis Vloebergs se trouve une volonté de réhabilitation. Peintre à l’origine, il s’est rapidement tourné vers des matériaux de récupération car ils lui procurent une émotion déjà présente en soi. Comme il le dit lui-même : « Ce qui importe est la prégnance de l’objet qui préexiste à mon intervention. »

Au fil des ans, ces objets ont d’abord été collés sur une toile classique puis, petit à petit, celle-ci fut complètement abandonnée au profit de matériaux comme le roofing ou l’ardoise dont Francis Vloebergs captait les reliefs, les fissures, traces qu’il percevait comme autant de signes d’une histoire vécue ; autant de cicatrices, blessures du temps qu’il s’agissait de mettre en forme et d’orchestrer.

Et c’est exactement cette démarche qui préside à la réalisation de ses livres-objets. Il les récupère sur les marchés aux puces ou dans des dépôts de rebuts et, touché par le potentiel expressif et poétique des altérations subies par la matière, leur redonne vie.

En effet, le capital émotionnel particulièrement fort de ce matériau porteur d’un passé remarquable et vecteur d’imaginaire est à ses yeux une vive source d’inspiration.

Ces ouvrages, d’autres les ont fabriqués, compulsés, s’en sont peut-être inspirés, y ont trouvé des informations ou de la distraction avant de s’en débarrasser. Et c’est à ce moment que l’artiste les récupère pour (en intervenant plus ou moins suivant le pouvoir poétique, la prégnance qu’il trouve dans la forme, les couleurs mais aussi le grain, le derme du livre) leur redonner vie.

Sa volonté est d’y insuffler une vigueur, de sacraliser ces reliques d’un monde imaginaire perdu. Recomposée par le hasard mêlé à l’intervention de l’artiste, la matière constituante du livre acquiert un sens nouveau. Et si ses créations ne contiennent plus de données textuelles visibles, l’intervention de Francis Vloebergs leur confère une autre lecture permettant au spectateur de sentir la poésie de l’usure, la force de l’effacement, la beauté de l’altération….


Exposition à la Maison Renaissance de la Société libre d’Emulation, rue Charles Magnette 9, 4000 Liège. Vernissage : le mercredi 3 novembre 2010 de 18H à 20H30.
Entrée libre.
Rencontre avec l’artiste le samedi 27 novembre 2010 à 15H.


Avec le soutien de la Ville de Liège et de la Province de Liège.
 


  • Partager